Et si l'évaluation devenait un outil d'implication personnelle et de créativité ? Imposer un sujet mais laisser le choix du support, c'est ce que je propose dans certaines formations depuis des années et que j'ai également choisi de mobiliser pendant le confinement pour de nouvelles promotions notamment en clinique du droit avec les étudiants de Licence 3. Résultat : Confinés mais créatifs !
Capture d'écran du compte Instagram réellement crée par les étudiants de Licence 3 et actuellement disponible en ligne
L'expérience
Les objectifs poursuivis
Faire de l'évaluation un mode d'expression. S'assurer bien entendu du travail effectif, de la compréhension des problématiques juridiques mais tout en offrant une part importante de liberté pour laisser s'exprimer la créativité.
Public et mise en oeuvre
Je choisis cette modalité d'examen depuis plusieurs années avec les étudiants et étudiantes du Master Mise à l'Université de Cergy-Pontoise. Ils doivent traiter un sujet de dissertation "classique" en droit des contrats mais sous la forme de leur choix et en groupe (constitution libre ou imposée selon les années).
J'ai également choisi ce mode d'évaluation mais sous forme individuelle pour les personnes inscrites en M2 de droit des affaires de l'Université catholique de Lille pour le campus d'Issy-les-Moulineaux en leur donnant un sujet de dissertation en droit de la responsabilité civile et la possibilité du choix du support.
Dans l'article suivant, je souhaite plus particulièrement revenir sur l'expérience des étudiants et étudiantes de Licence 3 dans le cadre de la clinique du droit à l'Université catholique de Lille pour le campus d'Issy-les-Moulineaux.
Les étudiants et étudiantes devaient choisir une cause à défendre en s'inspirant et s'appuyant sur les enseignements dispensés qui portaient sur la thématique des vulnérabilités et qui ont pu les sensibiliser à plusieurs thèmes ( droit des étrangers, questions du genre et des violences, droit de l'environnement, droit de la personne handicapée, droit du consommateur).
Dès le début du programme, il fut prévu que l'évaluation devait se faire en groupe (groupes constitués par mes soins). Elle devait originairement avoir lieu lors d'une présentation orale en public. Le confinement en a décidé autrement. La consigne initiale a simplement évolué et le support de restitution et de défense de la cause est devenu libre. Des projets très forts ont pu émerger, sous forme de vidéos, d'émissions radios, de scénarios de pièces de théâtre, de roman...
Un travail a tout particulièrement suscité ma curiosité : la création d'un compte Instagram avec le personnage de Barbie pour expliquer les difficultés liées au handicap. J'ai trouvé le projet particulièrement créatif et pertinent. Ce groupe a en effet utilisé le personnage de Barbie pour mettre en avant et souligner les difficultés mais aussi les droits d'une personne non-voyante. Derrière chaque photographie d'une vie rêvée, se cache en réalité les problématiques quotidiennes et juridiques que peuvent rencontrer les personnes mal-voyantes. Ce projet peut être consulté ici.
Ce mode d'évaluation est possible en présentiel, avec une présentation physique mais a pu également se réaliser de manière dématérialisée comme ce fut le cas de ce projet.
Le bilan
Le +
Cette liberté donnée aux étudiants et étudiantes ne s'est absolument pas faite au détriment de la rigueur juridique, bien au contraire. Les argumentations étaient présentes, les développements précis et les fondements juridiques généralement bien envisagés. Si ce mode d'évaluation ne peut sans doute pas être utilisé pour tous les enseignements, il me paraît vraiment intéressant de le mobiliser pour certaines matières et ce afin de favoriser la créativité des apprenants. C'est également un très bon levier pour favoriser le travail de groupe.
Le -
Les sujets traités étaient tellement passionnants que j'aurais aimé pouvoir échanger de vive voix avec les étudiants. Il faudrait sans doute prévoir après la restitution une séance de discussion, en envisageant éventuellement de partager tous les travaux. J'aurais vraiment aimé leur dire de vive voix combien j'étais fière du travail accompli, en particulier dans un contexte aussi singulier que celui du confinement.
L'avis des étudiants et étudiantes sur le déroulement du semestre. Le + et le -
Anaïs T.
Les rencontres avec les différents intervenants ont été très enrichissantes car elles couvraient de nombreux domaines et nous ont permis de traiter des problèmes de la vie quotidienne sous l’angle du droit. La diversité et la qualité des interventions ont permis à chacun de trouver un sujet qui le touchait particulièrement.
Cependant la crise sanitaire liée à la Covid19, nous a contraint à repenser les projets. En effet il a été particulièrement difficile par exemple de contacter des associations mais également de travailler à distance en groupe car les impératifs de la vie quotidienne ou encore la difficulté à travailler au calme perturbaient les séances de visio. Mais cela nous a également incité à faire travailler notre imagination afin de créer un contenu original qui ne soit pas barbant pour notre professeur qui devait nous corriger devant son ordinateur.
Miléna D.
Le second semestre de clinique du droit s'est avéré plus frustrant en raison des circonstances sanitaires. Mon groupe de travail et moi avons préféré nous en tenir à une stratégie fictive, alors que l'expérience "sur le terrain" et la mise en place d'actions concrètes m'auraient davantage apporté. Je pense que le temps nous a pris de court et qu'il aurait été plus enrichissant de mener ce projet sur une année universitaire entière.
J'ai toutefois beaucoup apprécié les mises en situations proposées par les différents intervenants car elles nous ont permis de saisir les enjeux du milieu associatif de manière bien plus claire qu'un cours théorique aurait pu le faire. Cela m'a amenée à réfléchir sur la notion de vulnérabilité des personnes vis-à-vis de la loi, la justice et l'Administration.
Edouard G.
Concernant le second semestre, j'ai beaucoup aimé le fait d'être confronté à des problèmes juridiques actuels sur des questions très sensibles notamment sur tout ce qui touche aux questions LGBT et au handicap. Je pense qu'il aurait dans l'idéal fallu que l'intervenant laisse un peu plus de temps aux groupes de projet pour travailler et réfléchir aux grands axes de leurs projets en séances.
Anonyme
J’ai moins aimé le second semestre qui portait sur le travail des associations. C’était tout de même intéressant car cela portait sur des sujets qui pouvaient susciter des débats et les interventions étaient riches. Cependant j’ai trouvé que cela était un peu politisé car j’avais l’impression que certains intervenants venaient avec une prise de position et j’ai moins apprécié ce coté militantisme.
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